
La Revue NEC #6 : Intelligences artificielles et médiations
La revue Numérique En Commun[s] est un quadrimestre publié par le Programme Société Numérique de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires. Le but de cette revue est de décrypter les enjeux, documenter les bonnes pratiques des territoires français en termes de numérique d’intérêt général, éclairer les points aveugles des médiations socio-numériques et montrer que l’inclusion n’est pas une réponse au surnombre de retardataires mais une exigence adressée au numérique de demain.
9 VuesVues·1 Enregistrement·L'éditorial du dossier
Au travail, à l’école ou à la maison, les usages des intelligences artificielles poursuivent leur progression. Pourquoi cela alors qu’une majorité des Françaises et des Français (56 %) exprime un manque de confiance envers l'intelligence artificielle, voire une forte défiance (21 %) ? Que nous apprend cette apparente dissonance ?
Faut-il y voir les effets d’une pression technologique et économique trop forte, ne laissant que peu de temps et de choix à chacune et chacun pour construire la relation consentie et éclairée qui lui convient ? Faut-il y voir un manque de culture numérique, une conséquence de la mystification de l’IA (entretenue bien souvent par les manufacturiers de l’IA, eux-mêmes), voire une attitude simplement réactionnaire face à « la nouveauté » ?
L’intelligence artificielle n’est ni « une nouveauté », ni un simple outil technique qu’il s’agirait d’apprendre à utiliser au mieux. Il s’agit d’un projet scientifique, économique et culturel globalisé qui, né aux États-Unis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, se voit aujourd’hui dopé par une trentaine d’années de collecte de données en ligne, par et au profit d’entreprises privées.
Dans ce contexte, comment ne pas s’interroger sur l’intérêt public d’un tel projet ? Quels enjeux et quelles actions à mener avec ou contre « l’intelligence artificielle d’intérêt général », notion encore mal définie qui semble vouloir apaiser les esprits ? Quels défis le projet de l’lA lance-t-il à la démocratie, en France comme en Europe ?
Ce dossier, conçu en deux parties, cherche à contribuer à poser les termes du débat. Nous partons du terrain, de celles et ceux qui font la médiation, sociale et numérique, pour nous interroger sur la façon dont elles et ils mobilisent l’IA : leurs usages réels, les transformations induites dans la relation à l’aide sociale, à l’apprentissage, à l’information. Mais, que se passe-t-il lorsque l’IA atterrit dans un contexte professionnel déjà sinistré tel que le vivent travailleuses et travailleurs sociaux, enseignants et enseignantes ? Par ailleurs, que peut-on attendre d’une « culture de l’intelligence artificielle » et pourquoi se contenter d’expliquer ou de démystifier, là où il s’agit peut-être avant tout de politiser l’IA, c’est-à-dire d’en faire un objet démocratique ?
Après un passage inspirant par les mondes de l’art et de l’éducation aux médias, notre dossier se poursuit par une réflexion sur les critiques faites à l’IA et le pouvoir d’agir de ces critiques. Un travail cartographique permet d’interroger la portée des critiques institutionnelles qui appellent à une IA plus éthique ou plus responsable tandis que nous ouvrons la réflexion, aux côtés de l’observatoire des algorithmes publics, sur les conditions minimales pour que la société civile et les activistes des droits puissent se saisir pleinement du sujet. De la médiation à la critique de l’IA, l’enjeu demeure le même à notre sens : faire du projet de l’IA, un projet en commun, c’est-à-dire un espace de négociation et de démocratie.
Zoé Aegerterl | directrice du numéro
Revue NEC #6 : IA et médiations
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