La Revue NEC #3: Illetrisme et inclusion numérique
La revue Numérique En Commun[s] est un quadrimestre publié par le Programme Société Numérique de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires. Le but de cette revue est de décrypter les enjeux, documenter les bonnes pratiques des territoires français en termes de numérique d’intérêt général, éclairer les points aveugles des médiations socio-numériques et montrer que l’inclusion n’est pas une réponse au surnombre de retardataires mais une exigence adressée au numérique de demain.
69 VuesVues·4 EnregistrementsEnregistrementsAvant-propos
En se penchant spécifiquement sur les liens entre illettrisme, analphabétisme et inclusion numérique, ce numéro aspire à sensibiliser, rassembler et créer une communauté de pratiques autour d'un défi majeur qui concerne près de 2,5 millions de personnes en France. Ce troisième numéro de la revue NEC contribue ainsi à la mutualisation des savoirs et des pratiques, offrant un précieux instrument pour orienter notre réflexion et notre action avec l’impératif d’outiller les actrices et acteurs locaux en programmes d'alphabétisation numérique conçus pour répondre aux besoins de toutes et de tous.
L'éditorial du dossier
"L’illettrisme est un objet difficile à saisir. Il voisine souvent dans les mondes numériques avec d’autres termes avec lesquels il est parfois confondu : illectronisme, analphabétisme, allophonie... L’illettrisme désigne pourtant une situation précise : celle d’une personne qui a appris à lire et écrire mais en a perdu la maîtrise. Cette définition recouvre un objet social parfois controversé, de l’apparition du terme en 1978 dans un rapport d’ATD Quart Monde, à sa constitution en problème social puis en grande cause nationale.
La recherche en sociologie et en histoire sur cette question a montré comment cette institutionnalisation s’est accompagnée d’un discours stigmatisant (autour de la honte, de la maladie sociale, de l’incapacité, etc.), reflétant largement les normes de l’élite autour de la culture de la lecture et de l’écriture. Comme l’écrivait en 1992 Jean-Marie Besse, chercheur en psychologie de l’éducation et de la formation, et spécialiste de l’illettrisme, « Si l’“illettrisme” se présente comme difficile à saisir de manière univoque, c’est sans doute que ce qu’il désigne est multiple, mouvant, hétérogène ». Lui propose alors de parler plutôt d’« illettrismes » ou de « formes différenciées d'illettrisme », voire de les référer à des publics précis ou des individus précis.
Dans les mondes de la médiation numérique, l’illettrisme se présente dans des situations incarnées et spécifiques, et c’est à celles-ci que s’intéresse largement le dossier. Car, selon l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI), 7 % de la population adulte, âgée de 18 à 65 ans, se trouve aujourd’hui en situation d’illettrisme, soit 2,5 millions de personnes. Les situations d'exclusion qui en résultent (dans l’emploi, la vie administrative par exemple) sont d’autant plus graves qu’elles rencontrent un monde numérique où l’écrit domine. Aujourd’hui, la maîtrise de la lecture et de l’écriture est centrale pour accéder à la plupart des outils numériques. Défini comme « des difficultés, voire une incapacité, à utiliser les outils numériques, en raison d’un manque ou d’une absence totale de connaissances sur leur fonctionnement », l'illectronisme est saisi par un nombre grandissant d'actrices et d'acteurs. Les illettrismes produisent-ils une forme spécifique d'illectronisme ? Quels accompagnements mettre en place ?
Pour répondre à ces questions, ce dossier, né dans le sillage du NEC Ardennes consacré à l’illettrisme, fait la part belle aux initiatives de terrain : de l’approche Duplex développée par l’ANLCI à l’approche par le « pouvoir d’agir » portée par les centres sociaux, à la structuration d’un réseau dédié dans les Ardennes, ou encore aux initiatives portées par les médiathèques parisiennes."
Claire Richard, directrice du numéro
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