Prépas architecture : comment le numérique transforme la préparation aux écoles d’architecture
L’essor du numérique rend possible un accès plus large à des ressources, des accompagnements et des parcours individualisés.
25 VuesVues·0 EnregistrementsEnregistrementsLes écoles d’architecture, notamment les ENSA (Écoles Nationales Supérieures d’Architecture), figurent parmi les établissements les plus sélectifs de l’enseignement supérieur. Pour les intégrer, les candidats doivent démontrer des aptitudes variées : sens artistique, culture architecturale, capacité à formuler un projet cohérent et maîtrise des bases du dessin. Or, cette préparation n’est pas équitablement accessible à tous. Longtemps dominée par des classes préparatoires urbaines, souvent coûteuses et concentrées à Paris ou dans les grandes métropoles, l’offre de formation a connu ces dernières années une évolution majeure : l’émergence de dispositifs numériques. Cette mutation ouvre de nouvelles perspectives, à condition qu’elle soit bien accompagnée.
Préparer les concours des ENSA : une étape déterminante pour intégrer une école d’architecture
Accéder à une école d’architecture nécessite aujourd’hui bien plus qu’un simple bon dossier scolaire. Parcoursup impose aux candidats de présenter des lettres de motivation solides, des travaux personnels (dessins, carnets, maquettes), voire de réussir un entretien oral. Les attendus varient d’une école à l’autre, mais tous requièrent un engagement personnel important et une capacité à justifier son intérêt pour l’architecture.
Or, peu de lycéens sont véritablement accompagnés pour se préparer à ces exigences. L’enseignement secondaire, même en filière technologique STI2D ou en option arts plastiques, ne suffit pas toujours à développer les compétences spécifiques attendues. C’est pourquoi de nombreux élèves se tournent vers des prépas architecture. Certaines sont intégrées à des écoles privées, d’autres sont indépendantes. Mais elles partagent un défaut majeur : leur inaccessibilité pour de nombreux jeunes en raison de leur coût (souvent plusieurs milliers d’euros par an) ou de leur implantation géographique.
Prépas architecture à distance : le numérique comme levier d’équité territoriale
Face à ces inégalités structurelles, le numérique a permis de proposer des alternatives crédibles et accessibles. On voit émerger des structures à l'image d'ArchiPrep qui permettent de suivre une prépa architecture en ligne avec des contenus complets, une flexibilité d’apprentissage et un accompagnement individualisé.
Ces formations s’appuient sur des outils variés : visioconférences hebdomadaires, forums d’échange, espaces personnels pour déposer ses travaux, tutoriels vidéo. L’élève peut travailler à son rythme tout en bénéficiant d’un suivi pédagogique structuré. Cette flexibilité est particulièrement précieuse pour les jeunes en situation de double cursus, ou vivant dans des zones rurales ou ultramarines.
Dans une logique complémentaire, certaines initiatives comme la prépa architecture ENSA développée par Panthéon Architecture misent sur un format hybride. Elles ciblent précisément les attendus des concours d’entrée des écoles publiques avec un suivi individualisé, des stages intensifs et des intervenants issus du milieu professionnel.
Outils numériques et compétences attendues en école d’architecture : une convergence naturelle
Les compétences mobilisées pour entrer en école d’architecture sont multiples : capacité à dessiner, à analyser l’espace, à comprendre les grands mouvements architecturaux, à développer une pensée critique sur l’aménagement du territoire. Le numérique s’est imposé comme un outil efficace pour travailler toutes ces dimensions.
Les cours en ligne proposés dans les prépas architecture modernes incluent souvent des contenus riches et variés :
des vidéos d’analyse architecturale,
des fiches de culture générale sur Le Corbusier, Tadao Ando ou Zaha Hadid,
des exercices interactifs de dessin en perspective ou de composition graphique,
des entraînements à la soutenance orale.
Les élèves sont aussi formés à l’utilisation de logiciels incontournables dans les écoles : SketchUp, Rhino, AutoCAD, Revit, voire des outils plus accessibles comme Canva ou Miro pour structurer leurs portfolios.
Certains modules permettent même des sessions de dessin en direct, où le formateur commente et corrige les productions de l’élève en temps réel via visio, recréant l’interaction d’un atelier en présentiel. Ces innovations pédagogiques renforcent l’autonomie, tout en maintenant un haut niveau d’exigence.
Vers un écosystème de ressources ouvertes
Le développement des communs numériques éducatifs pourrait changer la donne pour les candidats aux écoles d’architecture. Aujourd’hui, de nombreux élèves partagent déjà spontanément des portfolios, des carnets de croquis ou des fiches de préparation sur des forums, blogs ou groupes privés.
Mais au-delà de l’initiative individuelle, certaines institutions contribuent activement à cette dynamique. Des universités, des ENSA ou encore la Cité de l’architecture mettent en ligne des MOOCs, conférences et cours filmés accessibles librement. Ces ressources couvrent l’histoire de l’architecture, l’analyse urbaine, la lecture de plans, etc.
Pour que ces contenus aient un réel impact, il est nécessaire de les recenser, les structurer et les relier à des parcours pédagogiques lisibles. Une plateforme comme Les Bases pourrait jouer un rôle moteur en fédérant ces contenus au sein d’un espace dédié à l’orientation vers les métiers de l’architecture, avec des filtres par thème (dessin, oral, culture architecturale) et par niveau.
Les structures de proximité, relais essentiels des prépas architecture numériques
Si les plateformes numériques sont efficaces, elles ne remplacent pas l’importance d’un accompagnement humain. C’est là que les tiers-lieux, Espaces publics numériques (EPN), médiathèques, Maisons des Jeunes et de la Culture (MJC) ou Points Information Jeunesse peuvent jouer un rôle fondamental.
Dans ces lieux, les jeunes peuvent :
bénéficier d’un accès à du matériel informatique ou graphique,
imprimer leur portfolio,
suivre un atelier de découverte des métiers de l’architecture,
être aidés pour naviguer sur les plateformes de prépa,
obtenir des conseils pour rédiger leur projet de formation motivé sur Parcoursup.
Il serait pertinent d’encourager des partenariats entre les prépas en ligne et ces structures locales, afin de créer des relais territoriaux. Des sessions de coaching collectif, des webinaires partagés ou des stages d’immersion pourraient être mis en place en collaboration.
Préparer les architectes de demain : numérique, ouverture et diversité
L’entrée en école d’architecture représente un tournant décisif pour de nombreux jeunes. Or, les écoles ont tout à gagner à accueillir des profils variés : élèves issus de zones rurales, autodidactes passionnés, jeunes éloignés des réseaux traditionnels. En diversifiant les modalités de préparation, le numérique contribue à cette ouverture.
Mais cette transition doit être pensée dans une logique de justice éducative : garantir un socle commun d’accès à l’information, mutualiser les contenus, soutenir les dynamiques d’orientation dans les territoires. Il ne s’agit pas de dématérialiser pour faire des économies, mais de mieux accompagner, en combinant technologies, pédagogies innovantes et ancrage local.
Conclusion
L’architecture, discipline de l’espace et du sensible, s’enrichit des parcours multiples de celles et ceux qui la pratiquent. En facilitant l’accès à la préparation des concours, les prépas architecture numériques élargissent le vivier de talents susceptibles d’intégrer les écoles. À condition de ne pas laisser ce mouvement aux seules initiatives privées, et d’y associer les acteurs de l’éducation, de la médiation et du service public, cette transition peut être un levier de transformation profond.
Il revient désormais aux institutions, aux collectivités et aux structures locales de s’emparer de cette opportunité, pour faire du numérique un véritable outil d’émancipation éducative, au service d’une architecture ouverte, inclusive et ancrée dans la société.